Dans quels cas une sénologie interventionnelle peut-elle être demandée ?

Publié le 15 octobre 2024 .

Interventions

Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme, représentant un tiers des cancers de la femme. Il atteint chaque année environ 60 000 femmes.
Ce cancer est souvent découvert suite à la palpation d’une masse dans le sein, mais il peut aussi l’être après un examen de dépistage. Celui-ci est organisé dès l’âge de 50 ans.
La radiologie, avec la mammographie, et l’examen clinique (palpation des seins) sont les deux piliers du dépistage.Si l’imagerie permet de suggérer la présence d’un cancer, une preuve histologique (analyse au microscope) est nécessaire pour affirmer le diagnostic.
C’est à ce moment que la sénologie interventionnelle est sollicitée.

La sénologie interventionnelle avec le Dr Laouisset | Val-de-Marne

Qu’est-ce que la sénologie interventionnelle ?

La sénologie interventionnelle est une sous-spécialité de la radiologie interventionnelle.
Radiologie”, car elle utilise des outils d’imagerie (rayons X, échographie, IRM).
Interventionnelle”, car elle utilise des instruments pour faire des prélèvements du sein (aiguille de microbiopsie/ aiguille de macrobiopsie sous guidage échographique, radiologue ou IRM/ aiguille de cytoponction), lorsque l’on suspecte un cancer.

Le médecin qui l’exerce est un radiologue spécialisé dans les maladies du sein. Il a des compétences diagnostiques et techniques pour réaliser ces interventions, qui nécessitent un apprentissage particulier.

Le rôle de la sénologie dans le dépistage et la prévention

Le dépistage organisé du cancer du sein fait appel à la mammographie. Il augmente les chances de guérison et permet d’envisager des traitements moins lourds, grâce au diagnostic précoce de la maladie.
Il est proposé à toutes les femmes, de leurs 50 ans à leurs 74 ans, tous les 2 ans.
Suite à la mammographie, les images sont classées en 6 catégories (ACR), en fonction du degré de suspicion de cancer.

  • ACR 0 signifie que des investigations complémentaires ou qu’un 2ème avis sont nécessaires. Des clichés mammographiques complémentaires (agrandissement d’un foyer de microcalcification, cliché centré comprimé…), une échographie ou une IRM complémentaire peuvent être demandés par le radiologue
  • ACR 1 signifie que la mammographie est normale
  • ACR 2 signifie qu’il y a des images bénignes, ne nécessitant ni surveillance, ni examen complémentaire
  • ACR 3 signifie que les images visualisées sont probablement bénignes mais nécessitent une surveillance rapprochée pour affirmer leur caractère bénin
  • ACR 4 signifie que les images sont de nature indéterminée et qu’elles nécessitent une preuve histologique
  • ACR 5 signifie que les images sont typiques de cancer et qu’elles nécessitent également une preuve histologique

La mammographie, qui utilise les rayons X, recherche plusieurs images : des microcalcifications, des masses, des distorsions architecturales ou des asymétries focales de densité. Cet examen nécessite une compression du sein, qui est “photographié” par un appareil de radiographie, qu’on appelle le mammographe.

L’échographie, quand elle est prescrite, permet une analyse complémentaire des masses, en utilisant les ultrasons.

Dans les cas complexes, le radiologue peut prescrire une IRM, qui nécessite l’injection intra-veineuse d’un produit de contraste pour démasquer certains cancers.

Toutes les images suspectes ne sont pas des cancers. Il est donc important d’en apporter la preuve avant d’envisager un traitement curatif, par chirurgie, chimiothérapie et/ou radiothérapie. La sénologie interventionnelle joue alors un rôle primordial car c’est elle qui va permettre de poser un diagnostic en réalisant un prélèvement ciblé.

Les différentes techniques de sénologie interventionnelle

La sénologie interventionnelle est sollicitée dans 3 circonstances :

  • Prélèvement d’une image suspecte de cancerMise en place d’un repère dans une lésion mammaire pour aider le chirurgien à mieux réséquer la tumeur
  • Traitement de certaines tumeurs bénignes (papillome intracanalaire)

En fonction de l’image anormale vue sur le bilan d’imagerie, le sénologue interventionnel dispose de plusieurs outils pour réaliser un prélèvement :

  • Les ultrasons, avec l’échographie, permettent de prélever des échantillons d’une masse mammaire ou d’un ganglion. On parle dans le jargon médical de “microbiopsie”
  • Les rayons X, avec le mammographe, permettent de prélever des foyers de microcalcifications. On parle dans le jargon médical de “macrobiopsie”
  • La résonance magnétique, avec l’IRM, permet de prélever des images qui ne sont visibles qu’en IRM

La microbiopsie utilise le même principe que les biopsies des autres organes, comme le foie, le rein, ou le poumon. Elle se réalise sous anesthésie locale, chez une patiente en décubitus dorsal. L’aiguille qui permet de faire le prélèvement est insérée en regard de la masse, sous guidage échographique. Les prélèvements sont conservés dans du formol et analysés dans un laboratoire d’anatomopathologie. La complication principale est l’hématome. Un risque théorique de pneumothorax existe, surtout en cas de lésion profonde, mais il est exceptionnel.

La macrobiopsie nécessite un outil dédié, composé d’une grosse aiguille creuse, qui permet, par un phénomène d’aspiration, de prélever entre autres des foyers de microcalcifications. Cette biopsie se réalise également sous anesthésie locale, chez une patiente en décubitus ventral. Comme la microbiopsie, il existe un risque d’hématome.

Les biopsies mammaires sous IRM sont des macrobiopsies, qui nécessitent un matériel particulier, non ferromagnétique. Elles sont réalisées dans l’appareil d’IRM, chez une patiente en décubitus ventral, sous anesthésie locale.

Lorsqu’un cancer du sein n’est pas palpable, le chirurgien a besoin d’un repère pour optimiser la qualité de son geste d’exérèse. Ce repère, appelé harpon, se positionne à l’aide d’un mammographe ou d’un échographe.

Les papillomes intracanalaires sont des tumeurs bénignes, développées dans les canaux mammaires. Ils sont responsables d’un écoulement mammaire, qui peut être sanguinolent.
On les rencontre surtout chez la femme, mais ils peuvent se voir chez l’homme.
Ils sont généralement situés à proximité du mamelon.
Ils peuvent être réséqués sans chirurgie, à l’aide d’une macrobiopsie, sous guidage échographique. L’aspiration totale de la lésion se fait sous anesthésie locale chez une patiente en décubitus dorsal. Elle a le double avantage de permettre une confirmation diagnostique, et de traiter la patiente.

Article rédigé par DR LAOUISSET

Le docteur Liess Laouisset est radiologue interventionnel depuis plus de 10 ans. Découvrez ses actualités