Comment se déroule une embolisation des fibromes utérins ?

Publié le 09 octobre 2025 .

Interventions

Les fibromes utérins touchent de nombreuses femmes en âge de procréer.
Ils peuvent être responsables de nombreux désagréments et altèrent souvent la fertilité.
Assez méconnu du grand public et des professionnels de santé, l’embolisation utérine s’impose comme une alternative efficace et peu invasive à la chirurgie. Mais comment se déroule réellement cette intervention ? Découvrez dans cet article tout ce qu’il faut savoir sur le déroulement pratique et les suites de l’embolisation des fibromes utérins.

embolisation fibromes uterins avec le Dr Laouisset | Val-de-Marne

Comprendre les fibromes utérins et leurs symptômes

L’utérus est composé d’une muqueuse, l’endomètre et d’un muscle, le myomètre. Les fibromes,  également appelés myomes ou léiomyomes,  sont des tumeurs bénignes développées aux dépens du myomètre, qui ont un fort potentiel de croissance et qui peuvent être responsables de symptômes invalidants.

Parmi ces symptômes, les plus fréquents sont:

  • Des saignements, pendant ou en dehors des cycles (ménorragies et métrorragies)
  • Des signes de compression pelvienne, secondaires au volume occupé par les fibromes dans la cavité abdomino-pelvienne, entraînant par exemple des envies pressantes d’uriner, une constipation ou une déformation de la paroi abdominale
  • Une infertilité ou des fausses couches à répétition
  • Des crises douloureuses, correspondant à des épisodes de nécrose spontanée d’un fibrome ( nécrobiose )

L’embolisation des fibromes utérins est un traitement efficace, proposé en radiologie interventionnelle, susceptible d’aider de nombreuses patientes.

Pourquoi opter pour l’embolisation ?

L’embolisation des fibromes utérins est une alternative non ablative à la myomectomie (ablation chirurgicale des fibromes) ou à l’hystérectomie (ablation de l’utérus). Cette technique, pratiquée par un radiologue interventionnel, consiste à obstruer la vascularisation des fibromes, provoquant ainsi leur nécrose.

Ce traitement du fibrome sans chirurgie présente plusieurs avantages :

  • Il permet de préserver l’utérus
  • Il traite tous les fibromes en même temps, peu importe leur nombre et leur localisation
  • Il est moins invasif, ne nécessitant pas d’incision chirurgicale ni d’hospitalisation prolongée
  • Le temps de récupération est généralement plus court qu’après une chirurgie, avec notamment l’absence de temps de cicatrisation pour la paroi abdominale

L’embolisation est un traitement sûr et très efficace contre les symptômes de saignement et de pesanteur, avec une disparition des signes invalidants dans plus de 90 % des cas, observée dès le 1er mois.

Quand il y a un projet de grossesse, l’efficacité du traitement est conditionnée par la restauration de l’anatomie de la cavité utérine, qui peut prendre du temps, car la régression en volume des fibromes n’est pas immédiate. Elle se fait sur plusieurs mois et peut parfois nécessiter une résection chirurgicale complémentaire. Un travail d’équipe entre radiologue interventionnel et chirurgien gynécologue est donc primordial pour une prise en charge optimale des patientes.

L’embolisation des artères utérines constitue une option thérapeutique pertinente pour les patientes souhaitant éviter la chirurgie. Elle doit se discuter systématiquement, en collaboration avec les gynécologues et les équipes de PMA.

Déroulement de l’intervention : étape par étape

Le déroulement d’une embolisation utérine suit un protocole précis, généralement réalisé avec une courte hospitalisation.

1. Consultations et bilans préalables

Avant l’intervention, une consultation avec un radiologue interventionnel est obligatoire. Elle permet de valider l’indication et d’informer les patientes, ce qui est primordial dans le parcours de soin des patientes.

Une consultation d’anesthésie est également nécessaire. Elle permet d’informer les patientes sur le syndrome douloureux post-embolisation et de choisir la technique anesthésique la plus adaptée à votre profil (sédation, anesthésie générale, rachianesthésie).

Un bilan d’imagerie comprenant une IRM et éventuellement un scanner permettent d’évaluer la taille, le nombre, la position et le caractère bénin des fibromes.

Une prise de sang est systématiquement réalisée  pour rechercher une anémie par carence en fer. En cas de projet de grossesse, l’AMH (Hormone anti-Müllerienne), marqueur de la réserve ovarienne est également dosée.

Pour la partie administrative, une pré-admission devra être réalisée. Un devis vous sera également remis et il faudra le remettre rapidement à votre mutuelle, afin d’avoir un retour sur votre reste à charge avant la réalisation de l’intervention. Notre secrétariat vous accompagnera dans ces démarches.

Vous serez également contactée par un prestataire de soins infirmiers, afin d’organiser votre prise en charge antalgique à domicile dans les 3 jours qui suivront l’intervention.

2. Admission

La veille de l’intervention, vous recevrez un SMS pour vous indiquer l’horaire de convocation à la clinique.

Le jour de l’intervention, vous devrez vous présenter à cet horaire au service des admissions.

Vous serez ensuite installée dans votre chambre d’hospitalisation.

3. Installation et anesthésie

Votre transfert de la chambre d’hospitalisation au bloc opératoire s’effectue en brancard. C’est un moment qui peut être angoissant, mais notre équipe de brancardiers sera là pour vous rassurer.

Une fois arrivée au bloc opératoire, vous serez prise en charge par l’équipe d’anesthésie, qui vérifiera notamment que vous êtes à jeûn depuis 6 heures. Il faudra mentionner tout changement de vos symptômes.

Vous serez ensuite installée en salle de radiologie interventionnelle et vous pourrez échanger avec le radiologue interventionnel avant de commencer l’intervention.

3. Accès à l’artère utérine

Après une anesthésie locale au niveau de l’aine, le radiologue insère un cathéter (petit tube souple en plastique) dans l’artère fémorale, puis le guide à l’aide de rayons X jusqu’aux artères utérines qui alimentent les fibromes. A ce stade, vous pouvez rester éveillée, mais une sédation ou une anesthésie plus profonde pourront être réalisées pour un meilleur confort.

4. Injection de microparticules

Une fois les artères utérines cathétérisées, le radiologue interventionnel procède à l’injection des microparticules (embosphères), qui vont bloquer la vascularisation des fibromes et aboutir à leur nécrose. Ce processus est réalisé dans les artères utérines droite et gauche, afin d’assurer une embolisation complète.

La douleur induite par le processus d’ischémie (privation d’oxygène des fibromes) arrive en général 45 minutes après le début de l’embolisation. De puissants antalgiques vous seront administrés pour votre confort.

5. Fin de l’intervention

Une fois les vaisseaux obstrués, le cathéter est retiré. Une compression manuel du point de ponction est réalisée pendant 10 minutes afin de limiter le risque d’hématome. Un pansement compressif est également appliqué et ne sera enlevé que le lendemain de l’intervention. Il faudra éviter de plier la cuisse droite pendant les 6 premières heures.

La durée totale de l’acte est de  2 heures en moyenne (1h par côté).

Pour votre confort, un sondage de la vessie en aller-retour est souvent pratiqué au bloc opératoire ou en salle de réveil.

6. Surveillance en salle de réveil

Une fois l’intervention terminée, vous serez surveillée en salle de réveil. Une prise en charge de la douleur sera réalisée avec si besoin une titration en morphine. Une pompe à morphine sera mise en place et conservée jusqu’au lendemain.

7. Transfert et surveillance en unité d’hospitalisation

Une fois les douleurs contrôlées en salle de réveil, vous serez ensuite transférée dans votre chambre pour surveillance et prise en charge par l’équipe infirmière.

8. Sortie 

Elle se fera le lendemain de l’intervention, en général dans la matinée.

Le pansement compressif sera retiré avant votre sortie.

Vous devrez récupérer vos papiers de sortie (arrêt de travail, bon de transport, compte rendu d’hospitalisation) dans le service de radiologie.

Dès votre retour à domicile, il faudra contacter le prestataire de soins infirmiers à domicile.

En effet, pendant 3 jours, vous aurez un suivi infirmier à domicile pour équilibrer au mieux votre traitement antalgique. Cette équipe est en contact 24h/24h avec votre radiologue interventionnel.

Quels effets ressent-on juste après la procédure ?

Les douleurs après embolisation sont quasi systématiques mais transitoires. Leur intensité est très variable en fonction des patientes. Elles sont dues à l’ischémie des fibromes et ressemblent à des crampes menstruelles intenses. Ces douleurs apparaissent dans les heures suivant l’intervention et sont généralement bien soulagées par les antalgiques prescrits.

D’autres effets possibles dans les jours qui suivent :

  • Fièvre modérée
  • Fatigue, qui peut durer 2 à 3 semaines
  • Petites pertes vaginales ou saignements transitoires
  • Constipation, souvent induite par les morphiniques

Une surveillance médicale est assurée dans les jours et semaines qui suivent l’intervention. Une consultation de contrôle à 1 mois est systématique pour évaluer la résolution des symptômes, mais elle peut être rapprochée en cas de complication.

Un arrêt de travail de 15 jours est prescrit car au-delà du syndrome douloureux post-embolisation, une fatigue est souvent présente pendant plusieurs semaines.

Il n’y a pas de délai avant la reprise des activités physiques, contrairement aux laparotomies chirurgicales.

Dans les semaines qui suivent l’embolisation, en cas de volumineux myome sous muqueux, des pertes importantes, accompagnées de douleurs de contraction, peuvent survenir. Elles ne doivent pas vous inquiéter, car elles correspondent à une évacuation naturelle des myomes nécrosés. En cas de projet de grossesse, cela est une très bonne chose car ça participe à une restauration anatomique plus rapide de la cavité utérine.

Article rédigé par DR LAOUISSET

Le docteur Liess Laouisset est radiologue interventionnel depuis plus de 10 ans. Découvrez ses actualités