Syndrome de congestion pelvienne et varices pelviennes

Les douleurs pelviennes chroniques représentent 10 % ¹ des motifs de consultations en gynécologie. Parmi les pathologies pouvant être à l’origine de douleurs pelviennes chroniques, le syndrome de congestion pelvienne est souvent sous-diagnostiqué du fait de sa symptomatologie polymorphe.

Actuellement, l’embolisation veineuse est le traitement privilégié du syndrome de congestion pelvienne².

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Qu’est-ce que le syndrome de congestion pelvienne?

Le syndrome de congestion pelvienne, également appelé SCP, est une affection fréquente qui concerne principalement les femmes entre 30 et 40 ans³. On estime qu’il est responsable de 30% des douleurs pelviennes chroniques.

Ce syndrome fait suite à une insuffisance veineuse pelvienne, le plus souvent acquise suite aux grossesses (responsables d’une distension des veines pelviennes). Les varices peuvent être alimentées par les veines gonadiques (ovariennes) ou les veines iliaques internes.

En effet, la stase veineuse est responsable d’une inflammation locorégionale qui va irriter les nerfs à proximité, expliquant le caractère polymorphe des symptômes. Quand les symptômes évoluent depuis très longtemps, une hypersensibilité centrale et périphérique s’installe, à cause de l’inflammation chronique des nerfs.

La présence de varices pelviennes peut être à l’origine de douleurs pelviennes chroniques, constituant ainsi une source de gêne et d’inconfort significative pour les patientes.

Chez les hommes, l’insuffisance veineuse pelvienne peut être constitutionnelle ou acquise. Cette situation peut être à l’origine d’une varicocèle, asymptomatique la plupart du temps. Elle est retrouvée chez environ 40% des hommes qui consultent pour infertilité. Plus rarement, une insuffisance veineuse pelvienne masculine peut être à l’origine de dysfonction érectile.

Quels sont les symptômes du syndrome de congestion pelvienne?

L’expression clinique de l’insuffisance veineuse est variable et présente diverses manifestations, ce qui rend son diagnostic particulièrement difficile.

Le tableau le plus classique est celui de douleurs pelviennes chroniques, qui augmentent en fin de journée, à l’effort ou en période prémenstruelle (sous influence hormonale, la distension veineuse est maximale à cette étape du cycle). Les douleurs pelviennes peuvent être permanentes ou intermittentes et évoluent depuis plus de 6 mois. Les patientes rapportent souvent la notion de pesanteur pelvienne et de lombalgies.

D’autres symptômes peuvent s’associer à ce tableau clinique:

  • Des dyspareunies, qui s’intensifient après la fin du rapport sexuel (douleurs post-coïtales),
  • Des signes fonctionnels urinaires (dysurie, urgenturie mictionnelle)
  • Des troubles digestifs (ballonnement abdominal , colopathie fonctionnelle…)
  • Des varices de la vulve, du périnée, des fesses, de la face interne ou postérieure de la cuisse, et des membres inférieurs, pouvant être extrêmement douloureuses et invalidantes.
  • Des douleurs neuropathiques (névralgie pudendale, sciatalgie ou cruralgie..)
  • Des troubles anxio-dépressifs peuvent être présents et traduisent l’impact du SCP sur la qualité de vie. Ils doivent être recherchés et pris en charge systématiquement.

Certaines patientes peuvent avoir un tableau clinique incomplet, avec pas ou peu de douleurs pelviennes, ce qui peut égarer le diagnostic.

Si le syndrome de congestion pelvienne se manifeste souvent après une ou plusieurs grossesses, il n’est pas rare de le retrouver chez de jeunes patientes nulligestes ou nullipares.

Dans ce cas, des facteurs anatomiques pouvant être responsables d’un obstacle au drainage veineux iliaque (Syndrome de May Thurner) ou rénal gauche (Nutcracker Syndrome) doivent être systématiquement recherchés et traités.

Faire le diagnostic du syndrome de congestion pelvienne

L’échographie-doppler (voie transvaginale et abdominale) est l’examen de première intention à réaliser. Non-invasif, cet examen permet le diagnostic du syndrome de congestion pelvienne. Toutefois, une IRM pelvienne avec injection dynamique est souvent nécessaire pour la confirmation du diagnostic. Cette IRM permet par ailleurs de rechercher une endométriose et/ou une adénomyose, qui peuvent s’associer au syndrome de congestion pelvienne.

Un scanner abdomino-pelvien avec injection est souvent prescrit en cas de suspicion de compression veineuse.

Syndrome de congestion pelvienne: quels sont les traitements possibles?

Le syndrome de congestion pelvienne nécessite une prise en charge holistique et multidisciplinaire.

Avant tout chose, l’écoute des patientes est primordiale, car leur douleur a souvent été négligée et non reconnue.

La prise en charge comporte 2 volets :

  • Un traitement symptomatique, comprenant des médicaments (contre l’inflammation et l’hypersensibilité pelvienne), des séances de kinésithérapie, de sophrologie et la reprise d’activités physiques.
  • Un traitement étiologique, comprenant le traitement spécifiques des varices par embolisation, et le traitement d’un obstacle anatomique par une angioplastie +/- stenting de la veine iliaque interne gauche (syndrome de May Thurner) ou de la veine rénale gauche (syndrome de Nutcracker).

L’embolisation percutanée est aujourd’hui considérée comme étant un traitement de choix en raison de ses nombreux avantages. Ce traitement de radiologie interventionnelle est efficace et sûr, avec une amélioration dans plus de 80% des cas. Il permet de soulager la symptomatologie et ainsi d’améliorer la qualité de vie.

Une phlébographie diagnostique constitue le premier temps de l’intervention, suite à laquelle une injection de colle biocompatible est ensuite réalisée afin d’obtenir l’occlusion des veines nourricières.

L’embolisation des varices pelviennes est un traitement réalisé par les équipes de radiologues interventionnels de l’IMEF.

Bibliographie

¹ Robinson, J. C. « Chronic Pelvic Pain ». Current Opinion in Obstetrics & Gynecology, vol. 5, no 6, décembre 1993, p. 740‑43.
² Bałabuszek, Kamil, et al. « Comprehensive Overview of the Venous Disorder Known as Pelvic Congestion Syndrome ». Annals of Medicine, vol. 54, no 1, décembre 2022, p. 22‑36. PubMed, https://doi.org/10.1080/07853890.2021.2014556.
³ Bendek, Boleslaw, et al. « Comprehensive Review of Pelvic Congestion Syndrome: Causes, Symptoms, Treatment Options ». Current Opinion in Obstetrics & Gynecology, vol. 32, no 4, août 2020, p. 237‑42. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1097/GCO.0000000000000637.

4 Senechal, Quentin, et al. « Endovascular Treatment of Pelvic Congestion Syndrome: Visual Analog Scale Follow-Up ». Frontiers in Cardiovascular Medicine, vol. 8, 2021, p. 751178. PubMed, https://doi.org/10.3389/fcvm.2021.751178.